Manon Tardon – résistante durant la Seconde Guerre mondiale

Manon Tardon

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En Martinique, mai, c’est le mois de la commémoration des grands combats de l’histoire :  le 1er mai journée internationale des travailleurs pour l’amélioration de leur condition, 8 mai 1945 fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, 22 mai 1848 abolition de l’esclavage. J’ai eu envie de vous présenter un billet en lien avec l’une de ces commémorations. Aujourd’hui, je partage donc avec vous ma découverte de Manon Tardon,  femme martiniquaise qui s’illustre dans la seconde guerre mondiale. Un père industriel et maire du Prêcheur, un grand-père économe puis parti dans la course à l’or en Guyane, un frère (Raphaël) écrivain et poète… La famille Tardon regorge de parcours de vie atypique et Manon ne déroge pas à la règle.

La jeunesse de Manon Tardon

tanlistwa-tardon-enfants2Issue d’une famille aisée, Manon, fille d’Asthon Tardon et de Berte Waddy, est née à Fort-de-France en 1913. Manon eut un temps avec ses frères et soeur, une institutrice privée demoiselle Darras, elle avait alors 12 ans. Puis elle fut inscrite au Pensionnat colonial de Fort-de-France. Douée pour les études, elle obtient son baccalauréat avant ses 16 ans. En 1929, elle quitte la Martinique et s’installe avec sa mère, ses frères et sœurs  à Paris. Elle poursuit des études d’histoire et géographie à la Sorbonne et obtient entre autre sa licence. Au cours de ses études, Manon rencontre le Guadeloupéen et avocat Jack Sainte-Luce-Banchelin. Le couple se marie en 1936 et a deux enfants : une fille morte en bas âge et Pierre né en 1942.

1944, Manon Tardon et la résistance

tanlistwa-manon-tardonEn 1944, Manon, 30 ans, confie à des parents son jeune fils Pierre, et, comme son époux, elle participe à la résistance de la France libre. Manon s’engage dans le corps des AFAT (Auxiliaires féminines de l’Armée de Terre).  Elle est admise au grade d’aspirant, puis de sous-lieutenant et intègre l’état-major de la première armée du général de Lattre de Tassgny. Elle participe à la campagne d’Alsace et du Vercors. Le 8 mai 1945, elle est même dans la délégation qui accompagne le général de Lattre lors de la capitulation des nazies en  qualité d’officier spécialiste d’état-major de première catégorie! Elle est distinguée pour son engagement par la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes. Officiellement démobilisée le 23 juin 1946, Manon rejoint la Martinique avec son fils, mais sans son mari dont elle se sépare, puis divorce.

Le retour de Manon Tardon à la Martinique

tanlistwa-manon-1989De retour dans son île natale, Manon prend encore le temps de passer son brevet de pilote d’avion avec l’aide d’un ami. Après plusieurs années de batailles juridiques menées par les 5 cohéritiers Tardon pour reprendre possession des terres familiales,  Manon s’installe au Prêcheur sur la principale habitation familiale de l’Anse couleuvre où l’on produisait autrefois huile essentielle et cacao. Elle y vit isolée. Retrouvée sans connaissance au pied de ses escaliers, Manon meurt en décembre 1989 à l’hôpital.

Le souvenir de Manon Tardon

Quelques articles de presse en 1989 et 1990 ont suivi son décès. Georges Desportes notamment retraçait les grandes lignes de sa vie dans le France-Antilles. Deux ans plus tard, une rue fut baptisée « Manon et Raphaël Tardon » au quartier Didier à Fort-de-France. Les recherches et le site familial de France Tardon-Apprill, nièce de Manon Tardon, contribuent aussi largement à se souvenir de cette femme étonnante. Plus récemment, Manon a été mise au nombre des Hommes et femmes célèbres et figures populaires de la Martinique présentés dans le cahier du patrimoine 2010 et un bulletin de l’Amarhisfa offre aussi quelques lignes sur la famille Tardon incluant le parcours exceptionnel de Manon.

Et vous, connaissez-vous des femmes de la Caraïbe qui se sont distinguées en temps de guerre?


J’ai contacté France Tardon-Apprill (qui est très active en généalogie) à propos de cet article ; elle a aimablement partagé ses informations et corrigé quelques éléments sur la vie de Manon Tardon (notamment le fait que Manon n’a pas eu de précepteur). Merci beaucoup à elle.

Iconographie :
La photo de Manon et ses frères et sœurs ainsi que celle de Manon dans son uniforme militaire sont issues du site de France Tardon-Apprill Vous pourrez y retrouver d’autres photos et documents sur la famille.

La photo de Manon en 1989 figure dans l’ouvrage Hommes et femmes célèbres et figures populaires de la Martinique publié par le Bureau du Patrimoine – Conseil régional de la Martinique, n°29, juin 2010, ouvrage par lequel j’ai moi-même découvert cette femme.

 Webographie :

La page Wikipédia sur Manon Tardon, la page qui lui est consacrée sur le  site de France Tardon-Apprill et aussi la généalogie de la famille Tardon sur Généanet.
Le bulletin de l’association Amarhisfa.
Pour les anglophones, vous pouvez lire un résumé de l’histoire de Manon Tardon sur Resistanceheroines.

À la Bibliothèque Schoelcher de Fort-de-France :
Tardon-Apprill  France, Généalogie & chroniques familiales : les Tardon-Waddy : du XVIIème au XXème siècle, 1993.
Hommes et femmes célèbres et figures populaires de la Martinique, Bureau du Patrimoine – Conseil régional de la Martinique, n°29, juin 2010.

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