Une saison en Guyane : Archéologie

tanlistwa, couverture de revue, une saison en Guyane, 2021

Temps de lecture : moins de 4 minutes.
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Ce mois d’août 2021 rime avec confinement strict pour la Martinique, mes voyages se font donc calée entre les coussins d’un canapé au gré des lectures. J’ai eu le plaisir de découvrir une autre humanité sur une autre planète avec le roman SF La Main gauche de la nuit d’Ursula K. Le Guin, j’ai traversé les océans avec La longue route de Bernard Moitessier, et puis j’ai replongé dans les souvenirs de mes précédents voyages avec le dernier numéro hors série « Archéologie » de la revue Une saison en Guyane. C’est de ce dernier ouvrage qu’il sera question dans ce billet. Aujourd’hui, je vous présente différents projets archéologiques Guyanais qui nous transportent du pléistocène à la fin du XIXe siècle et, je vous parle en particulier de l’habitation La Charlotte. 

 

Une Saison en Guyane, hors série n° 7 « Archéologie »

tanlistwa, couverture de revue, une saison en Guyane, 2021
Une saison en Guyane, Hors série n°7, Archéologie, avril 2021

Une saison en Guyane est un magazine qui s’intéresse principalement à la Guyane française, mais qui aborde plus largement des territoires depuis l’Amazone jusqu’à l’Orénoque. Au fil des pages, ce numéro spécial « archéologie » offre un tour d’horizon des recherches en cours. On découvre ainsi que le chantier de construction du pas de tir d’Ariane 6 près de Kourou a permis d’étudier des fossiles d’une ancienne faune marine vivant là il y a 126 000 ans, qu’un projet d’archéologie participative a réuni des chercheurs et des Wayana sur les traces de leurs ancêtres dans le massif du Mitaraka, que des sites à fossé, anciennes traces d’occupations humaines précolombiennes, ont été relevés dans la réserve naturelle du Nourague. Pour la période coloniale, il y a les fouilles du Parwony, un fort néerlandais sur l’Approuague, celles du fort Cépérou à Cayenne ou encore celles de l’habitation La Charlotte que je détaille après. Un point est aussi fait sur une des plus importantes habitations coloniales du territoire guyanais, tenue au XVIIIe siècle par les Jésuites : Loyola. L’archéologie coloniale s’attache aussi à mieux connaître les personnes réduites au statut d’esclave et leurs descendants : l’on peut ainsi découvrir la fouille de la rue case-nègre de l’ancienne habitation La Caroline et celle de la Souvenance du quartier de Cabassou ayant appartenu à des « nouveaux libres ». L’archéologie se fait enfin aussi parfois sous-marine, comme pour le Slavenship, bateau négrier qui a coulé les cales pleines de captifs africains à l’embouchure du Maroni, et dont on essaie de retrouver l’épave.

 

Le projet archéologique de l’habitation La Charlotte

Si j’ai reçu dans ma boîte aux lettres le hors-série N° 7 sur l’archéologie, ce n’est pas tout à fait par hasard. Il y a quelques années, j’avais rejoint une amie et collègue archéologue, pour participer comme bénévole à la fouille des vestiges d’une poterie de l’habitation Loyola à Rémire-Montjoly. À cette occasion, j’avais fait connaissance avec Nathalie Cazelles, archéologue et enseignante, qui m’a ensuite recontactée pour un autre projet de fouille.

Nath s’intéresse depuis plusieurs années à comprendre l’histoire d’une ancienne habitation sucrerie de Montsinéry : La Charlotte. En 2018, elle m’a commandé une étude historique pour cette habitation, plus particulièrement une étude sur son propriétaire. Et ce n’est pas non plus tout à fait par hasard qu’elle a pensé à moi pour les recherches envisagées ;  en effet, la Charlotte a la particularité d’avoir été la propriété d’un libre de couleur — ma thématique de spécialité en histoire — et qui plus est, un libre de couleur né en Guadeloupe.

Nath connaissait le parcours de Pierre Frontin en Guyane, installé au début du XIXe siècle, où il avait acquis une habitation et des esclaves pour produire du sucre, et qui mourut assassiné par l’un d’eux ; mais, elle voulait aussi mieux connaître l’histoire familiale et le parcours de cet homme avant son arrivée. L’étude historique nous a ainsi permis de lui découvrir, entre autres, une carrière militaire aux îles pendant la période révolutionnaire, avant sa déportation en France en 1802. De leur côté, les fouilles archéologiques auxquelles j’ai eu la chance de participer et les relevés Lidar ont permis de mieux comprendre l’organisation spatiale du site, les structures qui ont été bâties comme le système hydraulique avec ses batardeaux et le moulin à eau ou le système de chauffe de la sucrerie. Le projet de fouille de La Charlotte illustre ainsi à la fois une histoire coloniale esclavagiste classique pour une petite habitation sucrerie de la Guyane, mais aussi une histoire originale par le profil particulier de son propriétaire.

Même si l’écriture a été adaptée dans la mesure du possible pour les non-spécialistes, je manque parfois des connaissances scientifiques et de vocabulaires techniques pour apprécier toute la variété du contenu proposé ; reste que la lecture de ces recherches archéologiques, de leurs enjeux, de leurs méthodes, des différentes spécialités disciplinaires et techniques mises en œuvre, de leurs résultats présents et espérés est passionnante. Aussi, j’ai beaucoup apprécié les illustrations, notamment celles faites par des dessinateurs à partir des connaissances fournies qui donnent un rendu vraiment chouette à l’ensemble.
Si, vous avez envie de voyager dans l’espace et dans le temps, vous avez désormais une suggestion de lecture vous invitant à apprendre davantage sur l’histoire de la Guyane par le prisme de l’archéologie.

 


Bibliographie 

Une saison en Guyane, Hors série n°7, Archéologie, avril 2021.

Webographie

Trouver la revue Une saison en Guyane

 

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