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Il y a quelques mois, j’ai travaillé pour la mise en ligne d’une base de données recensant des informations contenues dans des actes notariés du XVIIIe siècle à la Martinique. Parmi les actes, celui sur l’annotation des biens de l’hôpital de Fort-Royal (aujourd’hui Fort-de-France) de 1793 m’a surpris, car on y trouve 82 esclaves travaillant dans la structure ; autant que sur une petite habitation sucrière ! J’étais intriguée et curieuse de savoir ce que faisaient les hommes et femmes réduits au statut d’esclaves dans un tel établissement. Dans le précédent épisode, j’ai évoqué l’hôpital militaire de Fort-de-France, de son projet à la fin du XVIIe siècle et de sa laborieuse construction au XVIIIe siècle ; aujourd’hui, je vous parle en détail des hommes et des femmes, esclaves, au service des malades à la fin du XVIIIe siècle.
Les esclaves de l’hôpital de Fort-Royal en 1793
Dans cette recherche, tout a débuté pour moi avec un acte d’annotation des biens de l’hôpital de la ville du Fort de La République du 25 mars 1793. Nous sommes en pleine période révolutionnaire, raison pour laquelle Fort-de-France, appelé Fort-Royal au XVIIIe siècle, porte le nom inhabituel de Fort-de-la-République. Mais ce n’est pas le nom de la ville qui me surprend, c’est le nombre d’esclaves associés à l’acte : 82 ! Non seulement il y a ce nombre, mais parmi eux, je retrouve, outre les menuisiers, les blanchisseuses ou les cuisiniers, des infirmiers, des aides-soignants, des apothicaires ! Bref, on est loin de la structure et des activités habituellement imposés aux esclaves de plantation. Autant dire que cela m’a interpellé, j’ai donc cherché à en découvrir davantage.
Sur le plan statistique, la liste des esclaves (à retrouver dans le 3e épisode) est composée de 62% d’hommes, 31% de femmes. Seuls sept d’entre eux n’ont pas de qualification. Il s’agit notamment de trois jeunes enfants comme le laisse deviner l’indication de la filiation à leur mère, une femme et un homme, estropiés, ainsi que Véronique, la femme du commandeur et Elie sans que rien ne permettent d’en deviner la raison pour ces deux-là.
Sur une habitation sucrière, on trouve une majorité d’esclaves de champs –reflétant la fonction de production de denrées destinées à l’exportation–, mais la répartition des esclaves de l’hôpital est tout autre afin de répondre aux besoins spécifiques de l’établissement. En excluant des calculs les sept personnes précitées, sans fonction précise, il en reste 75 autres qui se répartissent par secteur d’activité comme suit :

Dans le détail, voilà ce que ça donne :
- 17 personnes travaillaient au jardin, dont 2 commandeurs et 1 gardien des bêtes à cornes, assurant vraisemblablement la production d’une partie de la nourriture quotidienne.
- 16 personnes s’occupaient du linge et de la literie : 7 blanchisseuses, 8 couturières et 1 homme dit matelassier.
- 13 personnes participaient directement aux soins des malades de l’hôpital. On trouve en effet 3 apothicaires, 3 aides-chirurgiens, 7 infirmiers. Mais si l’on inclut la servante infirmière, le domestique d’infirmerie et le domestique employé à la pharmacie, c’est au total 16 esclaves qui consacraient leur temps au soin des malades.
- 10 personnes étaient mobilisées autour de l’alimentation : 6 cuisiniers (dont 2 dédiés aux malades), 1 marmiton, 1 boulanger, 1 bouteiller (chargé de l’approvisionnement en vins et alcools), 1 domestique cambusier (chargé de distribuer les rations de vivres, originellement sur les bateaux).
- 7 personnes étaient désignées comme domestiques ou servante d’office, autrement dit elles effectuaient le service de table.
- 4 hommes étaient menuisiers,
- Enfin l’hôpital comptait 1 charretier, 1 domestique des officiers, 1 domestique sans plus de précision, 1 domestique chasseur et 1 marin.
Il est bien sûr possible de regrouper les activés autrement, mais cela donne quand même une idée de la diversité des tâches et de la spécificité de leur répartition dans un hôpital.
Un des éléments qui n’apparaît pas dans le graphique précédent, c’est les disparités de genre selon les tâches. Au jardin, on trouvait indifféremment des hommes ou des femmes ; la répartition 62% d’hommes / 31% de femme* de l’atelier globale y est à peu près respecté. En revanche, on voit que les femmes étaient assignées au traitement du linge, alors que le soin des malades et l’alimentation étaient une affaire d’hommes.
[*Modeste, domestique, est codé « femme » dans la base, mais je pense qu’il y a une erreur de saisie et qu’il s’agit d’un homme, néanmoins, j’ai gardé la donnée de la base pour les calculs
mise à jour du 22/04/2020 : M. de Reynal, le concepteur de la base, a vérifié dans ses transcriptions, il s’agit de « la nommée Modeste », c’est donc bien une femme.]

Un recours aux esclaves facilité pour l’hôpital de Fort-Royal
J’ai cherché des archives pour m’aider à mieux comprendre ce que pouvait être le quotidien et l’environnement de ces esclaves attachés à un hôpital au XVIIIe siècle ; c’est le renouvellement du marché pour la gestion de l’hôpital de Fort-Royal de 1772, établi entre les frères de la Charité et l’administration coloniale, dont je vous parlais déjà un peu dans le précédent billet, qui m’a apporté le plus d’informations.
J’ai tout d’abord découvert qu’il existait une exemption de capitation, corvée et charges pour 30 esclaves de la « maison de Fort-Royal » des religieux, plus encore, le même droit pour 80 autres esclaves « qu’il est nécessaire d’entretenir pour le service des hôpitaux de la colonie« .
La capitation et la corvée étaient des sortes de taxes. La première, une forme d’impôt par tête, s’appliquait aux libres comme aux esclaves, avec des taux variables selon les statuts ; la capitation des esclaves était due par le propriétaire. Les corvées prenaient la forme d’un travail non rémunéré imposé ; les propriétaires d’esclaves mettaient ces derniers à disposition de l’administration coloniale pour un temps donné afin de réaliser les ouvrages jugés nécessaires au développement colonial. La capitation ne concernait ni les enfants de moins de 14 ans ni les individus de plus de 60 ans ; ainsi, même si les âges ne sont pas précisés dans la liste de 1793, il est certain que les religieux étaient totalement exemptés de ces taxes pour le recours à 82 esclaves au sein de l’établissement hospitalier.
Les exemptions ne se limitaient d’ailleurs pas à la capitation des esclaves ; les frères de la Charité étaient aussi exemptés de toutes perceptions de droits et péages pour les fournitures diverses qui étaient achetées en France pour être envoyées aux hôpitaux des colonies. Ils bénéficiaient de surcroît du « passage et le retour franc » sur les vaisseaux pour eux-mêmes, leurs employés et leurs domestiques nécessaires aux services des hôpitaux. Ils pouvaient même sous certaines conditions s’approvisionner à l’étranger alors que le principe de l’exclusif colonial ne le permettait normalement pas !
Déjà au début du siècle, les exemptions étaient un élément important de négociation pour les frères de la Charité. En 1722, le frère Ignace Dubois, supérieur des religieux de la Charité à Saint-Pierre, essayait ainsi d’obtenir un quota plus grand d’esclaves exemptés de capitation. À l’époque, il était apparemment prévu une exemption pour 12 esclaves seulement. Visiblement, l’administration coloniale a été sensible à ses arguments puisqu’en 1772, l’exemption était désormais valable pour 80 esclaves, rien que pour ceux œuvrant à l’hôpital de Fort-Royal.
Mais ce qui est surtout intéressant dans la lettre d’Ignace Dubois, c’est qu’il fournit, pour argumenter sa demande, une description du nombre des esclaves et des tâches effectuées à l’hôpital de Saint-Pierre en 1722 : « Il y en a trois qui restent dans les salles, six nègres qui ne font autre chose que de laver le linge depuis le 1er de l’an jusqu’au dernier, six nègres qui vont chercher du bois, trois à la cuisine, un boulanger, quatre négresses qui sont toujours à raccommoder le linge, deux à trois qui font continuellement à rechercher des œufs, deux au jardin et plusieurs qui vont chercher de l’eau, ainsi que les autres occupations. » Une trentaine d’esclaves étaient donc employés à l’hôpital. À la fin du XVIIIe siècle, les esclaves étaient plus nombreux, mais les activités étaient somme toute du même ordre pour la plupart d’entre eux.
La capacité d’accueil et le nombre de malades
Depuis 1722, l’établissement de Fort-Royal avait été largement agrandi. Dans un plan représentant l’hôpital en 1763, on recense : 87 lits dans la salle Saint Jean, autant à l’étage dans la salle Saint Louis, 29 lits dans la salle Saint Marc, à l’étage 17 lits sont représentés pour les chambres individuelles des officiers malades, 46 lits encore dans la salle Saint Côme à l’arrière de l’établissement. Au total, ce sont environ 266 lits disponibles pour accueillir les malades. Un état de gestion de l’hôpital de Martinique conservé pour l’année 1773 confirme la capacité d’accueil du site. En ces temps de paix, on y découvre le nombre de soldats accueillis au fil des mois dans l’hôpital ; en janvier ils ne sont que 141, mais en septembre, on en compte pas moins de 238. Sur l’ensemble de l’année, ce sont 1995 soldats, 125 marins, 40 officiers des troupes, 2 officiers de marine qui ont été pris en charge. En moyenne, 180 personnes étaient accueillies chaque mois ; les soldats restaient environ 20 jours, leurs officiers 27 jours, les marins 18 jours. L’hôpital recevait prioritairement les troupes du roi, mais il devait aussi y avoir quelques ouvriers du fort, des particuliers, des pauvres du quartier pris en charge par les frères de la Charité et qui n’apparaissent pas dans ces comptes.
Logement des esclaves
Suite au tremblement de 1771, l’hôpital, fort endommagé, connut de nouveaux travaux. Je ne sais pas à quoi ressemblait exactement l’hôpital dans lequel vivaient les esclaves de la liste de 1793 ; mais l’on peut voir de nombreuses modifications entre le plan de 1763 (à gauche) et celui de 1808 (à droite) –pour les plus curieux, comparez les documents originaux non recadré, en lien, vous verrez que le cours de la rivière Levassor a été modifié !
Dans le plan de 1763, à côté des cuisines et buanderies, trois chambres représentent « les cases à nègres » (encadré rouge sur le plan ci-dessous). En 1808, ils ne dormaient plus dans le bâtiment en dur ; ils étaient désormais séparés et vivaient dans un long bâtiment en matériau léger alignant une vingtaine de chambres dites « pour les domestiques ». Comme pour les autres habitations que j’ai pu étudier, quatre esclaves en moyenne se partageaient donc chaque petit espace au début du XIXe siècle.

Blanchisseuses, couturières et matelassier esclaves à l’hôpital de Fort-Royal
Le marché de 1772 prévoyait que l’hôpital soit « fourni de 3 paires de draps pour chaque lit, 6 chemises, 6 bonnets de toile », ainsi que d’une robe de chambre pour 20 malades. Les lits pour les officiers devaient être « composés d’un bon matelas, d’une paillasse de mil, bananier ou autre matière ordinaire & d’usage dans le pays, d’une couverture de laine ou de coton, d’un traversin de plume, d’un oreiller, de draps de toile blanche et propre » ; ceux des autres malades « d’une couchette sanglée ou garnie d’une paillasse, d’un matelas de crin ou de laine, d’un traversin de plume, paille de bananier ou de mil, & d’une couverture de laine ou autre matière équivalente ». Vous multipliez tout cela par 266 lits : 798 draps, 1596 chemises, 1596 bonnets, une dizaine de robes de chambre, 266 traversins, 266 couvertures. Vous avez désormais une idée du l’étendu du travail pour Jeanne Claire, Geneviève, Berthe, Louisanne, Elisabeth, Dedenne, Marie Françoise et Lisette, les huit couturières, que ce soit pour confectionner certaines pièces ou pour faire du reprisage. De même, il n’est pas difficile d’imaginer la charge de travail d’Élisabeth, Marie Ursule, Marie Rose, Agathe, Marceline, Rosette et Marie, toutes sept blanchisseuses (ou lavandières), autrement dit consacrant toute leur journée à laver le linge.
Les garnitures des matelas et paillasses étaient faites et refaites régulièrement. Moïse, le matelassier avait donc fort à faire lui aussi pour les 266 lits. Les matelas et la laine qu’il utilisait étaient conservés chacun dans un magasin (n°12 et 17) que l’on peut voir dans le plan de 1808.

Employés au jardin, commandeurs et gardien des bêtes à l’hôpital de Fort-Royal
Le marché de 1772 contient une section consacrée aux fournitures délivrées et au service faits auprès des malades ; c’est une manière indirecte de comprendre l’ampleur de la tâche pour les esclaves. Néanmoins, rien ne transparaît sur ceux et celles qui étaient employés au jardin : Olive, Thomas, André, Jérôme, Charles, Joseph, Adélaïde, Angélique, Claire, Didine, Catherine, Marie Magdelaine, Antoine, Boissille. C’est parmi eux qu’on trouve la seule personne clairement identifiée comme récemment arrivée aux Antilles : Antoine est dit « de terre mine ».
Quelques vaches étaient entretenues par Alexandre, peut-être dans la savane qui figure sur le plan de 1808 ; il y avait vraisemblablement aussi des arbres fruitiers sur place, comme le laissent penser les figurés d’arbres bien rangés dans le plan de 1763 ou la cour des orangers et l’allée des tamarins sur le plan de 1808 ; le jardin fournissait peut-être aussi quelques plantes médicinales. La présence de 2 commandeurs, Bonaventure et Montauban, est étonnante pour si peu d’esclaves ; je suppose qu’il y avait deux sites de travail, une équipe œuvrant au jardin de l’hôpital et une autre sur un autre terrain de culture appartenant aux frères de la Charité.
Chasseur, marin, charretier, esclaves à l’hôpital de Fort-Royal
Rien dans le marché ne renseigne non plus sur les activités d’Alexis, le domestique chasseur, ou Cupidon, le marin ; mais de par la nature de leur travail, ils étaient amenés à sortir de l’hôpital et étaient probablement les deux esclaves ayant le plus de liberté de mouvement. On peut aussi y joindre Joseph, le charretier (conducteur de charrette) amené à sortir de l’hôpital pour transporter divers effets, mais ses trajets d’un lieu à un autre étaient sûrement moins libres que ses deux compagnons d’infortune.
Cuisiniers, marmiton, boulanger, bouteiller, cambusier, esclaves à l’hôpital de Fort-Royal
Si l’on s’en tient à la fréquentation de l’hôpital rapportée en 1773, il fallait nourrir en moyenne 120 malades par jour. Les officiers avaient le droit à « une livre & demie de viande de boucherie, & une poule de quatre en quatre, lorsque l’un deux voudra & sera en état de manger de la viande grillée ou rôtie, elle sera prise en déduction des quantités ci-dessus mentionnées. » Les autres soldats, matelots ou ouvriers qui formaient l’essentiel des malades avaient le droit à « une livre, poids de marc, de viande de boucherie, avec une volaille par dix malades, ou à défaut de la viande de boucherie, vingt onces de pain blancs bien cuit, frais et fait de la meilleur qualité de farine une chopine de vin mesure de paris de bonne qualité, crû de Bordeaux ». Le marché ajoutait que « Ceux qui auront besoin d’un régime modéré, auront des œufs, des panades, du riz, des pruneaux, des confitures du pays, du vin & autres choses qui pourront leur être nécessaire pour leur rétablissement. » Les repas s’organisaient en trois services : un potage à 7 heure, un potage avec viande, pain et vin à 11 heure, et la même chose à 17h. Enfin, on remettait au malade « une demie livre de pain et un peu de vin » le jour de sa sortie de l’hôpital. Pour une journée ordinaire, il fallait au minimum préparer 59 kilos de viande, 12 volailles, 86 kilos de pain et servir 57 litres de vin pour nourrir 120 soldats malades !
Sur le plan de 1808, l’ingénieur a représenté une cuisine principale et 2 autres cuisines situées dans un même espace (n° 25 à 27), mais on remarque aussi une cuisine à part, celle du directeur (n°18). Dans ces espaces dédiés à la confection des repas on trouvait Édouard, Joseph, Lindor, Toussaint, Fortuné et Gros Pital, les 6 cuisiniers, et Léopard, le marmiton de l’hôpital. Fortuné et Gros Pital, en particulier, se consacraient à préparer la nourriture des malades ; mais il fallait aussi nourrir les religieux et les esclaves eux-mêmes. En face du bloc principal des cuisines se trouvait la chambre dédiée à la distribution des rations (n°34), c’est là que devait le plus souvent travailler Joseph, le domestique cambusier. Le bouteiller, Celetu, qui s’occupait de la distribution du vin et de sa bonne conservation, devait de son côté se rendre souvent au magasin dédié à son stockage (n°7). Enfin, on peut voir juste à côté de la cuisine du directeur (n°18), le four (n°19) où s’activait Louis, le boulanger.

Domestiques, servantes d’office et autres domestiques esclaves à l’hôpital de Fort-Royal
Le marché de 1772 prévoyait que soit fourni « un domestique noir ou blanc pour quinze malades » et que les officiers aient « un domestique noir de six en six ». 25 personnes portent le qualificatif de domestique pour les hommes ou servantes pour les femmes ; la proportion était donc largement respectée pour la capacité d’accueil de l’hôpital, du moins si l’on s’en tient à l’appellation. Outre le domestique chasseur, les servantes blanchisseuses, les servantes couturières ou le domestique cambusier… il y avait aussi la catégorie des domestiques ou servantes d’office, chargés d’assurer le service de table. Clément, Alexis, Jean Laurent, Petit Baptiste, Charlotte, Caroline, Magdelonaite étaient les sept esclaves à ce poste.
Parmi les autres domestiques, il y avait Modeste, qui fut le seul domestique dont la destination n’est pas précisée, et Tonton, le domestique des officiers. Dans le plan de 1763, 17 chambres et autant de lits étaient destinés aux officiers ; mais c’était probablement plus que nécessaire, car le plan de 1808 montre une nouvelle configuration. Non seulement les chambres furent mises ailleurs, mais elles furent aussi réduites à 5 pièces (n°15). La présence de Tonton suffisait ainsi à respecter la règle d’un domestique noir pour 6 officiers.
Menuisiers esclaves à l’hôpital de Fort-Royal
Laurent, Baptiste, Joachim et Balthazar, les 4 menuisiers de l’hôpital produisaient et réparaient normalement les meubles et petit mobilier de bois : chaises, lit, table, porte, volet…. Peut-être s’occupaient-ils aussi de faire un peu de tonnellerie et de débiter le bois nécessaire à alimenter le four du boulanger, les potagers (espace pour la cuisson des aliments) des cuisines, ainsi que la chaudière des bains.
Toutes ces personnes, au statut d’esclave, étaient au service des malades et permettaient de faire fonctionner l’hôpital au quotidien, mais il reste encore une catégorie dont je veux absolument vous parler plus en détail, celle des apothicaires, aides-chirurgiens et infirmiers esclaves assurant le soin des malades. Ce sera le sujet du billet suivant !
Lire les autres épisodes :
- L’Hôpital militaire de Fort-de-France #1/3 La laborieuse construction
- L’Hôpital militaire de Fort-de-France #3/3 Des esclaves au service des malades (b)
Archives nationales outre-mer, Correspondance série C8A
- Affaires religieuses, hôpitaux, enseignement, copie d’une lettre du frère Philippe Trumeau, supérieur de l’ordre de la Charité, aux religieux de son ordre au Fort-Royal, au sujet du marché des hôpitaux conclu avec le ministre le 27 février 1772, COL C8 B 13 N° 94.
- Affaires religieuses, hôpitaux, enseignement, le Marché conclu avec le frère Juste Vialard, procureur-syndic des religieux de la Charité, au sujet des hôpitaux de la Martinique. 27 février 1772, COL C8 B 13 N° 95.
- État de gestion de l’hôpital du Fort-Royal en 1773 (1773), COL C8 A 72 F° 324
Archives nationales outre-mer, Cartes et plans du Dépôt des fortifications et des colonies
- Rochemore, Henri, ingénieur en chef, directeur des fortifications, Fort-Royal de la Martinique. 1763. Plan du rez-de-chaussée de l’hôpital militaire, 13 mars 1764, FR ANOM 13DFC213A.
- Anonyme, Plan de l’hôpital militaire de Fort-de-France levé en 1808, FR ANOM 13DFC493A.
Base de données Esclavage en Martinique de Manioc
Iconographie
- Manioc, [Lavandières], Extrait de : Les français peints par eux-mêmes : le Nègre (Page 328), 1842
Wow ! On comprend maintenant pourquoi il y avait autant d’esclaves au service de l’hôpital. C’est incroyable la quantité d’informations que vous avez pu rassembler pour cet article (série en cours). Bravo en tout cas, cela donne envie de regarder du côté de l’île Bourbon (La Réunion) à la même époque. 🙂
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Bonjour Mascarenhas974 🙂
Il y a vraiment beaucoup de documentation, mais surtout elle est en ligne ! Vive les archives numérisées !
Mon seul regret pour l’instant, c’est que je ne suis pas en mesure de savoir le destin de ces hommes et femmes avant et après 1793. D’où venaient-ils ? De confiscations, de successions sans héritier, d’achats réguliers par les religieux ? Est-ce qu’ils étaient facilement revendus où est ce qu’une fois à l’hôpital, ils étaient là pour le reste de leur vie ? Certains étaient-ils affranchis ?
Il serait intéressant de regarder ce qui se passe dans les autres colonies ; je pensais aussi à comparer avec leur homologue en France, pour voir quel type de personnes étaient employées dans le royaume pour exécuter le travail accompli par des personnes asservies dans les colonies.
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c’est génialement passionnant ! Keep going !
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Merci pour ce commentaire enthousiaste !
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je trouve que vous faites un travail remarquable. Mais moi comme je me définis » Nègre d’ Habitation » je compare la « vie » des esclaves des plantations à celle de esclaves de la ville au service des négociants des commerçants . Et à ce jour ,pour ètre » moi » j’arrive à un syncrètisme culturel ou sociétal pour m’affranchir de cet état de » Nègre d’Habitation » qui perdure jusqu’à ce jour. Mais tout cela est une » autre histoire » !
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Tout simplement BRAVO!!!!!!!!!!!!!!! Un travail colossal!!!!!
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